Cette série photographique, Vincent Bergeron exprime la problématique de l’immensité et le rapport d’échelle de l’homme dans la ville moderne. Le photographe résume son travail par cette phrase : « Où va l'esprit quand le corps est présent ? », référant à l’œuvre du dessinateur norvégien Hariton Pushwagner dans son roman graphique Soft City (1979), une dystopie unique en noir et blanc qui retrace la journée ubuesque d’un cadre moyen dans une mégalopole anonyme, au beau milieu des années 1970. Le quartier de la Part-Dieu à Lyon est ce terrain d’exploration. Ici, l’univers ouvert des espaces publics de l’urbanisme moderne interroge la place de l’individu, la trace et l’intimité, un peu à la manière du film surréaliste et décalé de Bertrand Blier, Buffet froid (1979) qui se déroule dans l’univers du quartier de La Défense. Vincent Bergeron propose ce Lyon radical pour observer le monde sans diriger le regard, nous monter l’éphémère des corps en mouvement, ou, en contemplation, dans l’immense monumentalité de l’espace public, « quelque chose qui court et qui laisse la parole aux photos, comme preuves et traces de la vie ».